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AG étudiante du 19 octobre 2010

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Source / auteur :

HNS-info
Le mouvement contre la réforme des retraites s’amplifie à Paris III - Censier, mais la Sorbonne nouvelle n’est toujours pas bloquée
mis en ligne mercredi 20 octobre 2010 par jesusparis

Aujourd’hui a eu lieu la plus grosse assemblé générale étudiante (l’AG des personnels a lieu en même temps dans une autre salle) qu’ait connu Paris III lors de ce mouvement sur les retraites. La tribune, constituée de deux étudiants et une étudiante, non encartés dans un parti politique ou un syndicat commence par un état des lieux du système des retraites avant la réforme, enchaîne avec les conséquences de celle-ci, puis fait un point sur la mobilisation et la répression, avant de passer au débat et aux votes.

Aujourd’hui : un système de répartition avec de fortes inégalités homme-femme

Dans le système actuel par répartition, les actifs payent les pensions des retraités : une part du salaire va dans la caisse commune et est redistribuée. L’âge légal de départ en retraite est de 60 ans. On a une retraite à taux plein si on a cotisé 40,5 annuités ou si l’on atteint l’âge de 65 ans. En moyenne, on accède à un emploi stable à 27 ans ; il y a 25% de chômage chez les jeunes.

Les inégalités homme-femme sont criantes : celles-ci ont des carrières interrompues par la maternité et obtiennent donc des pensions plus faibles. Ceci est d’autant plus vrai qu’elles sont moins embauchées en CDI et mois payées que les hommes à travail égal.

Ce que cette réforme changerait

Cette réforme vient s’ajouter à une situation grave de l’emploi et des retraites : l’âge moyen de cessation d’emploi est de 58,5 ans. Aujourd’hui cela signifie que l’on doit rester un an et demi au chômage avant de prendre sa retraite ; cette durée serait donc portée à trois ans et demi si cette réforme passait. Aujourd’hui, seulement 63% des retraités ont une pension à taux plein ; cette situation va empirer.

Sur le marché de l’emploi, en maintenant les gens en activité pendant plus longtemps, le chômage va mécaniquement augmenter. En effet, il y aura moins de place pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail ; ils connaîtront plus de précarité et auront donc des retraites plus basses. Les fonctionnaires vont devoir cotiser plus, ce qui implique une baisse immédiate du salaire net.

On nous dit que cette réforme est faite pour des raisons démographiques. C’est faux ! L’enjeu politique pour le gouvernement est de maintenir le chômage. Il induit une concurrence entre les salariés sur le marché du travail pour baisser les salaires. Le point de vue de l’Etat est de faire des économies budgétaires sur le dos des plus pauvres, des jeunes et des salariés en cassant les services publics, la solidarité, la sécurité sociale, pour montrer aux agences de notation que la France pourra rembourser sa dette et être crédible pour les banques.

Cette réforme signe aussi la fin de la retraite par répartition : pour avoir une pension digne de ce nom, les gens devront capitaliser dans des caisses privées.

C’est pour toutes ces raisons qu’il faut se rallier aux revendications des travailleurs et revenir avant les réformes de 1994 et 2003. Il faut 37,5 annuités et une retraite à taux plein à 60 ans ! Il faut, en plus, que les stages, les années d’études et les périodes d’inactivité forcée soient prises en compte dans le calcul de la retraite. Il y a d’autres réformes possibles : taxer les stock options et les revenus du capital.

Etat de la mobilisation

La mobilisation est bien plus intense depuis septembre Ces deux dernières semaines, la SNCF comptait entre 30 et 50% de grévistes. Cela a permis une diffusion massive de tracts aux usagers dans les gares. Les douze raffineries de France sont en grève et bloquées ; 2500 stations service sont fermées et ce mouvement prend de l’ampleur.

Dans les 18ème et 19ème arrondissements de Paris, ainsi qu’à Marseille, il y a une grève reconductible dans l’éducation nationale et les écoles sont bloquées. Le collège Thomas Mann dans le 13ème arrondissement de Paris est bloqué par les profs ; dans ce même arrondissement, des collégiens de troisième ont bloqué leur bahut. Il y a aussi un énorme mouvement lycéen : la semaine dernière 400 lycées étaient bloqués. Les lycéens qui font grève, soit-disant pour sécher les cours, étaient extrêmement nombreux aux manifs de samedi ! Ce mouvement lycéen est fortement réprimé comme à Montreuil où un élève a pris un tir de flash-ball en pleine tête. Maintenant les facs entrent dans le mouvement : celle d’Aix en Provence est bloquée par les profs ; celles de Paris I, Paris VII et Paris VIII le sont par les étudiant-e-s.

Débats – Extraits des interventions

Guillaume [1] : il ne faut pas que la réforme passe. Si c’est le cas il y en aura d’autres. Jusqu’à quel âge va-t-on devoir travailler ?

Maxime : les travailleurs perdent leur salaire quand ils font grève, pas nous ! Il ne faut pas se laisser attaquer sur la globalité des acquis sociaux. Il faut la grève partout !

Jean : ce gouvernement parie sur les vacances et ne fait de la politique que pour les riches. Il faut frapper un grand coup dans la durée dans les semaines à venir.

Marcel : cette réforme est faite pour les beaux yeux de Merkel (sic) et des agences de notation. Il faut faire pression sur le Conseil d’Administration pour avoir des journées banalisées.

Karim : Socrate disait à ses accusateurs : « Je suis le taon, qui de tout le jour ne cesse de vous réveiller »...

Pierre : à l’opéra les machinistes sont en grève cet après-midi et ils appellent à ce qu’elle soit reconductible. L’opéra de Nantes est en grève, de même que la cinémathèque, l’INRAP, le Louvre. Il y a certes la question des salaires non payés les jours de grève, mais le mouvement étudiant est un vrai encouragement. Les machinistes soulèvent des poids de 300 Kg ; à 63 ans, ils ont le dos pété ! Les casseurs, c’est le gouvernement par le biais de la RGPP, entre autres.

Mireille : ce que les représentants du peuple ont fait, le peuple souverain peut le défaire !

Georges : l’âge d’entrée dans un emploi stable est de 27 ans et il y a 25 % de chômage chez les jeunes. Cette réforme est une goutte d’eau de plus. Il faut se servir de cette mobilisation pour faire passer d’autres revendications qui concernent notre situation.

Jean-Baptiste : il y a une commission « animation » qui passera dans les couloirs en criant et en jouant des textes. On fera de la vidéo et on jouera de la musique.

Dick : il faut assumer un point de vue différent de celui des travailleurs, profiter de cette parenthèse enchantée qu’est le temps passé à la fac pour désacraliser la valeur travail. Le salariat c’est de la merde ! Il faut s’organiser pour proposer autre chose, créer à côté du capitalisme. N’hésitons pas non plus à jouer avec les médias. Le mouvement des manifs sauvages a été décimé. Quand on utilise la violence politique, et je ne suis pas contre, il faut l’assumer politiquement ; ce mouvement n’en a pas les moyens.

Arthur : l’objectif est de tuer politiquement Sarko avec cette réforme. Il faut construire le mouvement après les vacances.

Antoine : Nicolas Sarkozy nique le système de retraites par répartition et son frère Guillaume, patron du groupe Malakoff Médéric, qui gère des retraites par capitalisation, va ramasser la mise. C’est un business qui rapporte beaucoup à quelques-uns : il lance sa nouvelle société le 1er janvier et va devenir milliardaire. En effet, dans 10 ans il prévoit d’obtenir 17% des retraites par capitalisation.

Sandrine : on a du poids, le gouvernement a peur. Il le prouve en envoyant ses flics et ses flash-ball.

Aurélie : il y en a marre des syndicats et des flics en civil. Il faut faire des action et ne pas se laisser encadrer par les syndicats. Woerth a remercié les syndicats d’encadrer les cortèges et d’empêcher les débordements...

Sophie : on entend parler de vieux, jeunes, parents, enfants, travailleurs, étudiants, lycéens, chômeurs, … Il faut arrêter de faire ces catégories !

AG des personnels : on est avec les étudiants et on veut amplifier le mouvement.

Votes

abroger le nouveau règlement qui oblige à obtenir une dérogation pour pouvoir redoubler : unanimité moins deux ou trois ;
partage des cours entre grévistes et non-grévistes ainsi qu’entre les étudiant-e-s de différentes années sur un forum : unanimité ;
AG commune avec les personnels : unanimité moins un ;
former un groupe de pression pour que le CA ne comptabilise pas les absences : rejeté ;
grève : quasi-unanimité (quatre contre ; cinq NPPV) ;
blocage : rejeté (42 pour, 50 contre, énormément de NPPV)

Deux cents personnes partent en cortège à la manif. L’auteur de ces lignes, cherchant du feu pour allumer sa cigarette et une note poétique pour conclure cet article demande des flammes à une étudiante qui répond : « j’en ai dans les yeux ».

Gachet, HNS-info

Notes
[1] Tous les prénoms ont été modifiés

source: http://www.hns-info.net/spip.php?article26335

https://paris3lutte.keuf.net

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